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Septembre 2007 : Rentrée scolaire ( Burkina Faso 2003-2012)

Burkina Faso : opération un élève, un manuel

Près de 3 500 000 ouvrages seront distribués dans les écoles

L’une des réformes phares de cette rentrée burkinabè demeure la gratuité des manuels scolaires. Une manière pour le nouveau gouvernement de Tertius Zongo de démontrer son attachement à l’éducation comme l’un des remèdes à la pauvreté et d’entrer de plain-pied dans l’action avec ce projet audacieux.

Le concept est simple : un élève, un manuel. De retour de vacances estivales, le Premier ministre a donné, le lundi 27 août dans l’Est du pays, le coup d’envoi officiel de la campagne nationale de distribution gratuite de livres scolaire. Au cours d’une cérémonie officielle, Tertius Zongo a remis en main propre un lot de manuels au gouverneur de la région de l’Est Kilimité Théodore Hien. Une transaction symbolique réalisée dans une ambiance à la fois festive et solennelle.

Le processus est donc lancé depuis le début de la semaine, en amont de la rentrée scolaire à venir. Près de 3 500 000 ouvrages seront distillés dans les écoles publiques et privées du territoire et ce n’est pas tout. En sus, des livres-guides destinés aux enseignants sont également au programme. Coût total de l’opération : 1 500 000 000 FCFA, soit 2 286 585 euros. « L’éducation n’a pas de prix », martèle dans les tribunes officielles et dans la presse le chef du gouvernement. Endiguer la pauvreté endémique à coup de craie et de tableau vert, tel est le leitmotiv de cette réforme.

La corruption des fonctionnaires menace l’opération

Toutefois, dans l’opinion publique souffle un vent de scepticisme. Nombreux sont ceux qui présagent des détournements en série par des fonctionnaires sans scrupules. « Comme la corruption n’est pas punie, cela continue en toute impunité et des livres finiront sur les étages de libraires qui les vendront au prix fort », redoute Tahirou Traoré, secrétaire général du syndicat national des travailleurs de l’éducation nationale (SYNTEB). Pour lui, la gratuité des manuels constitue un voile qui occulte la myriade de tracas à affronter par les enseignants. Comme la cotisation des parents d’élèves indispensable au bon fonctionnement de l’école, payée à contrecoeur par les parents qui le peuvent. Variant de 1 000 à 8 000 FCFA par an, elle ne suffit pas à couvrir les frais d’entretien et le matériel des professeurs.

Si la distribution des manuels a bel et bien commencé, elle est loin d’avoir fini. Une bonne partie des élèves du pays recevra les manuels d’ici avril-mai, soit en fin d’année scolaire… Si l’initiative fait des émules, beaucoup, au sein de l’enseignement, portent un regard critique sur la réforme. Renvoyant ainsi au tableau le gouvernement qui semble ne pas avoir assez révisé les besoins vitaux des écoles.

afrik.com (René GA)