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Novembre 2007 : Manuels scolaires et cartables dans toutes les écoles du Burkina ( Burkina Faso 2003-2012)

Quotidien Sidwaya du 19 novembre 2007

Distribution gratuite de manuels scolaires

Des manquements dans l’opération

La campagne de distribution gratuite des manuels scolaires a été lancée le 27 août 2007. Plus de deux mois après, le constat est amer. Quand ce n’est pas la distribution elle-même qui n’est pas encore une réalité dans certaines écoles, c’est la dotation elle-même qui est en déphasage avec les effectifs réels des écoles, voire les cartables n’atteignant pas le minimum.

Le petit Julien est élève en classe de CM2 dans la CEB de Kombissiri I. Il n’a reçu aucune dotation de manuels scolaires. Il n’a qu’un cartable, vraiment le minimum (pas conforme avec ce qui est défini pour le CM) de cinq (5) cahiers de 200 pages, un cahier de dessin, une trousse Academy et un

paquet de crayons de couleur. Par contre, à l’école Kokologo “B” (Boulkiemdé) Rasmané Ouédraogo également en classe de CM, a lui , tous les manuels scolaires au complet. Seulement pour ce qui est du cartable minimum, il n’a reçu que deux cahiers de 200 pages et un cahier de 100 pages pour un besoin d’au moins neuf à dix cahiers. Or, pendant que nous étions en train de collecter les informations sur l’opération de distribution de manuels scolaires dans les provinces environnant Ouagadougou, nous sommes tombés sur un communiqué du ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, paru dans Sidwaya n°6035 du lundi 29 octobre 2007. Voici la teneur : “La dixième mission conjointe de suivi du PDDEB vient de faire l’amer constat que des directeurs d’écoles et chefs de circonscriptions n’ont pas, toujours procédé à la distribution des livres sous le prétexte que ces manuels ne sont pas eu nombre suffisant pour atteindre le ratio un livre par élève”. Et pourtant, à la Direction de l’allocation des moyens spécifiques aux écoles (DAMSE), l’on avance : “A ce jour, nous avons distribué environ 3 millions, deux cent soixante mille exemplaires sur des prévisions de 3,5 millions. Toutes les 322 Circonscriptions d’éducation de base (CEB) ont été couvertes” (entretien réalisé le mercredi 31 octobre 2007). D’une affirmation à l’autre, beaucoup reste à faire dans cette opération de distribution gratuite des manuels scolaires.

Où sont passés les effectifs réels ?

Le constat de la distribution des manuels scolaires et des guides pédagogiques révèle un sérieux problème d’adéquation entre la dotation par CEB et les effectifs réels dans les écoles. Le ratio défini est un livre de lecture et un de calcul par élève du Cours préparatoire (CP) au Cours moyen (CM). Les livres de sciences d’observation et d’histoire-géographie sont prévus pour les cours élémentaires et les cours moyens. Dans les CEB du Bazèga, du Centre comme du Boulkiemdé, leur distribution a connu de réelles difficultés. La plupart des gestionnaires du CEB accusent le fait que la dotation ne soit pas en conformité avec les effectifs de 2007-2008. “La distribution s’est basée sur les réalités de 2005 et de 2006. Or, il y a des créations de nouvelles écoles et une normalisation pour certaines,” avance M. Rigobert Zongo, chef de la CEB de Gaongo (Bazèga). La seconde difficulté réside dans le rapport dotation-existant : c’est le nombre de livres déjà disponibles à l’école avant la dotation. Alors qu’au niveau central, l’on pense que les livres remis aux écoles il y a un, deux ans, sont toujours en bon état, au niveau des CEB et des écoles, les gestionnaires et directeurs d’écoles rencontrent souvent là, des difficultés. C’est le cas au niveau de la CEB de Kokologho où le gestionnaire, Larba David Ouédraogo dit avoir de sérieux ennuis pour gérer la situation. Pour ce qui est des manuels scolaires, il n’a reçu aucune dotation de livres de calcul. Quant aux livres de lecture, il a reçu 4926 livres pour un total de 5375 élèves, soit un manquant de 449 livres. Pour lui, le nombre de bons vieux livres ne peut combler ce manque. La troisième difficulté réside dans l’hésitation de certaines CEB à remettre les manuels aux élèves par souci d’entretien comme l’avancent les responsables de Kombissiri I ou soi-disant attendant des instructions du MEBA. Il a pourtant été dit que l’élève a droit au livre et à l’école et à la maison pendant l’année scolaire. Charge aux parents de veiller avec leurs enfants, à l’entretien des livres.

A Kokologho, un ratio de 0,7 bic par élève

L’opération de distribution gratuite des manuels scolaires est par ailleurs, accompagnée de celle de la remise de “cartables minima” aux élèves. Il s’agit d’un certain nombre de fournitures scolaires définies par niveau (CP,CE,CM) pour permettre à l’élève de bien suivre les cours et prendre correctement des notes. Leur gestion relève des directions provinciales de l’Enseignement de base.La dotation des fournitures scolaires a été faite suivant une répartition des quarante-cinq provinces. Ainsi, la dotation en fournitures scolaires des 20 provinces prioritaires s’est faite sur financement PPTE, 22 autres par le Compte d’affection spécial du Trésor (CAST) et les trois autres (Bam, Bougouriba, Kourittenga) par Plan-Burkina. Là aussi, la distribution dans les CEB et les écoles connaît d’énormes difficultés. Dans la plupart des cas, la quantité fait défaut. La stratégie trouvée par les gestionnaires des CEB et des écoles, c’est d’éclater le contenu des cartables minima pour favoriser une grande répartition. Dans la CEB de Gaongo (Bazèga) par exemple, 634 élèves sur 1697 n’ont rien reçu comme dotation. A Kokologho, pour permettre une répartition dans les écoles, le gestionnaire de la CEB, M. Larba David Ouédraogo n’a eu le choix que de considérer un ratio qui n’a apporté que des difficultés : diviser la quantité (de cahiers, bics, crayons, etc) par le nombre d’élèves par école, ensuite par classe.
Une telle opération a fait que dans certaines écoles, l’on se retrouve avec 0,7 bic par élève. Il faut alors expliquer aux parents d’élèves cette situation et espérer leur bonne compréhension. Ce, d’autant plus que beaucoup ne s’attendent pas à devoir compléter les fournitures scolaires de leurs enfants, deux mois après le démarrage des cours. Gageons qu’à la suite de l’acquisition au niveau central des besoins complémentaires de chaque CEB, la seconde phase de distribution des manuels scolaires puisse permettre d’avancer qu’il y a effectivement gratuité des manuels scolaires et dotation en “cartables minima”.

Ismaël BICABA (Sidwaya 19/11/07)